
Stéphanie Lanthier
Stéphanie Lanthier est chargée de cours à forfait et professionnelle de recherche à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Sherbrooke. Elle enseigne au Département d’histoire et à l’École de politique appliquée depuis 1998. Elle s’est intéressée aux rapports femme(s)/nation et aux rapports forêt/identité/mémoire au Québec. De cet intérêt, deux longs métrages documentaires coproduit par l’ONF ont été réalisés : Deux mille fois par jour (2004) et Les Fros (2010). Depuis 2012, elle réalise des documentaires à partir de travaux menés en histoire orale filmée. Dans le cadre de ces projets, plusieurs longs, moyens et courts métrages ont été produits (plus de 12 films). À titre d’exemples : avec la professeure Louise Bienvenue, Paroles d’anciens délinquants de Boscoville, 1942-1997 (2015), avec le professeur Benoît Grenier, L’attachement seigneurial de l’écrivaine Anne Hébert (2017), avec le professeur émérite Pierre Hébert, Sur les traces de Louis Dantin : émulation, transgression et écriture (2018), puis, récemment, avec le professeur Maurice Demers, La mémoire des missionnaires en Amérique Latine (2021).
Communication : « Le récit de vie filmé : usages et révélations de l’émotion et de l’engagement dans le parcours de vie de l’historienne Micheline Dumont ». Voir la pragrammation
Résumé : Quel type de régime de subjectivité le récit de vie met-il de l’avant lorsqu’il est question de l’engagement ? Se pourrait-il que l’émotion transmise par le récit de vie filmé puisse nous permettre de mieux saisir les véritables motivations du travail historien ? Et alors, que révèle la subjectivité de l’enquêtée, de l’enquêteuse (Perrin-Joly/Kushtanina, 2018)? Autant de questions qui gouverneront ma communication. À partir d’extraits filmiques, je propose une réflexion sur la part de soi, de l’engagement et de l’émotion dans le récit de vie filmé de l’historienne pionnière de l’histoire des femmes, Micheline Dumont. Tout au long de sa longue carrière, la professeure émérite n’a jamais perdu de vue les impératifs scientifiques de la discipline historique. Et pourtant, son témoignage montre un sens de l’engagement transparent. D’ailleurs, ne s’est-elle pas autoproclamée « historienne indignée » en 2013 ? Chose certaine, l’émotion et l’engagement semblent avoir façonné son écriture et ses nombreuses prises de parole dans l’espace public (roman historique, occultation de l’histoire des femmes dans le champ disciplinaire, enfants de Duplessis, commission Bélanger-Campeau, etc). À l’instar de l’historienne Marie-Claire Daveluy, je ferai mienne la phrase suivante : « Rien n’est beau que le vrai » et répondrai par l’affirmative à la question suivante : la subjectivité historienne n’est-elle pas, au fond, une part du beau et du vrai, voire un dire-vrai (Guerrier, 2020) que le récit de vie filmé invite à reconsidérer ? Alors on verra que l’émotion révélée par l’entretien est, en soi, une forme de subjectivité assumée comme étant vraie et qui permet d’accéder à des formes de régimes de vérité (Foucault, 2001).