
Pierre Hébert
Pierre Hébert est professeur émérite à l’Université de Sherbrooke et membre de la Société royale du Canada. Il a publié, seul et en collaboration, des ouvrages sur Lionel Groulx, Jacques Poulin, La Gazette littéraire de Fleury Mesplet, entre autres; il est aussi auteur ou coauteur de cinq livres sur la censure, dont le Dictionnaire de la censure au Québec (littérature et cinéma), avec Yves Lever et Kenneth Landry. Il dirige une équipe interuniversitaire qui prépare l’édition annotée de la correspondance de Louis Dantin; le premier tome (de quatre), la correspondance entre Dantin et Alfred DesRochers, est paru en 2014. Il a fait paraître en 2020, avec Bernard Andrès et la collaboration d’Alex Gagnon, un Atlas de la littérature québécoise (Fides); et, en2021, Vie(s) d’Eugène Seers/Louis Dantin, une biochronique littéraire (Presses de l’Université Laval).
Communication : « Marie Aymong et les Fleurs eucharistiques de la Nouvelle-France (1899-1903) ». Voir la pragrammation
Résumé : Le nom de Marie Aymong (1878-1938) a été exhumé en 2002 par Yvette Francoli [1], qui en fait à tort l’un des pseudonymes du « découvreur » d’Émile Nelligan et critique littéraire Louis Dantin. Bien au contraire, Marie Aymong a bel et bien existé; de surcroît, elle a signé quelque 70 articles entre autres dans Le Peuple, de Montmagny (3), La Défense, de Chicoutimi (9), Le Monde illustré, de Montréal (6) et, surtout, dans Le Petit messager du Très-Saint-Sacrement (41), périodique des Pères du Très-Saint-Sacrement à Montréal. C’est sur cette dernière revue que portera ma présentation.
Le Petit messager du Très-Saint-Sacrement, fondé en 1898, est tout entier l’œuvre de Louis Dantin, du choix des textes (le plus souvent de sa plume) à l’impression. Or Marie Aymong est, et de loin, la collaboratrice la plus régulière : ses 36 chroniques Fleurs eucharistiques de la Nouvelle-France s’étendent du numéro de novembre 1899 à celui du même mois en 1903. Elles portent sur des hommes ou femmes connus (Champlain, Jeanne Mance, Marguerite Bourgeois) ou moins célèbres (Mère Juchereau de Saint-Ignace, Madeleine-Sophie Barat); sur des événements (premières messes célébrées au Canada) ou sur des Autochtones (Étienne Totihri).
En premier lieu, je vais donner un aperçu de l’ensemble de la production de Marie Aymong – thèmes et genres (dont des historiettes, des textes d’idées), entre 1897 et 1912. Ensuite, pour juger de son apport au Petit messager du Très-Saint-Sacrement, je rappellerai l’origine et l’importance de cette revue dans le champ religieux de l’époque. Part essentielle de cette communication, j’y analyserai ensuite les 36 chroniques selon qu’elles portent sur des personnes (hommes, femmes) ou des sujets (figures autochtones, importance des messes, etc.). De plus, j’examinerai ses sources (Relations des Jésuites, Faillon, etc.) et sa propre inscription dans le discours de l’histoire.
À terme, ce n’est certes pas une historienne – dans le sens d’une production du savoir – qui apparaîtra, mais, assurément, une femme qui a occupé une tribune importante pour l’époque dans la diffusion de l’Histoire.
[1] Essais critiques I, Presses de l’Université de Montréal, Bibliothèque du Nouveau Monde, p. 13.