
Magda Fahrni
Magda Fahrni est professeure à l’Université du Québec à Montréal, où elle enseigne l’histoire des femmes, l’histoire de la famille et l’histoire du Québec et du Canada au XXe siècle. Elle est l’auteure de plusieurs livres, dont Of Kith and Kin : A History of Families in Canada, un ouvrage de synthèse qui paraîtra chez Oxford University Press en 2021. Membre du Groupe d’histoire de Montréal, elle dirige la collection Études d’histoire du Québec chez les éditions McGill-Queen’s. Elle travaille actuellement sur une monographie sur le risque et les accidents à Montréal au tournant du XXe siècle.
Communication : « Historienne, militante, mentore. Réflexions autour de l’œuvre d’Andrée Lévesque ». Voir la pragrammation
Résumé : L’historienne Andrée Lévesque est bien connue comme membre de cette génération d’historiens et d’historiennes qui ont révolutionné l’écriture de l’histoire au Québec et au Canada à compter des années 1980. Historienne de la gauche et historienne des femmes, la professeure Lévesque demeure une chercheuse active et productive, quelques 25 ans après avoir pris sa retraite de son poste de professeure à l’Université McGill. Cette communication analysera la vie professionnelle et l’œuvre d’Andrée Lévesque, en insistant sur un certain nombre de thèmes.
Je soulignerai d’abord sa qualité de passeuse culturelle. Une Québécoise qui a fait ses études doctorales aux États- Unis et qui a enseigné en Nouvelle-Zélande, la professeure Lévesque a transmis ses connaissances de l’histoire québécoise à des générations d’étudiants et d’étudiantes (canadiens et américains) à l’Université d’Ottawa et à l’Université McGill. Ses livres et articles, rédigés la plupart du temps en français, ont souvent été traduits, permettant à un lectorat anglophone d’en tirer profit. Par ailleurs, ses réseaux étendus en histoire des femmes ont permis à des chercheurs et des chercheuses un peu partout dans le monde (en France, en Belgique, en Suisse, en Australie et en Nouvelle-Zélande, notamment) de mieux connaître et comprendre l’histoire du Québec et du Canada. Si Andrée Lévesque a souvent bâti des ponts entre différentes cultures et nations, elle a servi aussi de pont entre les générations. L’une de ses grandes qualités de pédagogue était de traiter ses étudiants et étudiantes (même ceux et celles au premier cycle) comme des adultes, sans condescendance. C’est pour cette raison, parmi bien d’autres, qu’elle est devenue une mentor extraordinaire pour plusieurs générations d’historiens et d’historiennes.
J’insisterai ensuite sur son profond respect pour les sources. Les travaux d’Andrée Lévesque ont toujours été guidés par la théorie (féministe et marxiste, notamment), mais c’est son amour pour les archives qui transparaît dans toutes ses publications. Ses livres débordent de détails dénichés dans des fonds d’archives de toutes sortes : registres de prisons, rapports de police, recensements, commissions parlementaires … Sa détermination, à la fois intellectuelle et politique, à faire la lumière sur la vie des inconnus – et surtout des inconnues – l’a toujours obligée à mener un véritable travail de détective.
Cette communication consistera avant tout en une analyse scientifique et historiographique basée sur les écrits de la professeure Lévesque. Cependant, elle sera aussi, forcément, un hommage personnel à cette personne exceptionnelle qui a été ma professeure au premier cycle et une mentor – voire, une fée marraine! – lorsque j’étais aux études supérieures, et qui est devenue, au fil des ans, une amie.