
Louise Bienvenue
Louise Bienvenue est professeure titulaire au département d’histoire de l’Université de Sherbrooke et membre du Centre d’histoire des régulations sociales. Ses recherches récentes de portent sur l’histoire des femmes et du genre, l’histoire de l’éducation et l’historiographie québécoise. Lauréate du prix Hilda-Neatby 2021 (langue française) pour un article sur Marie-Claire Daveluy (1880-1968), elle travaille à l’écriture d’une biographie sur cette femme de lettres et historienne montréalaise.
Communication : « La collaboration d’une archiviste et d’une historienne dans les années 1940 : sœur Marie Mondoux et Marie-Claire Daveluy ». Voir la pragrammation
Résumé : À la faveur du tricentenaire de Montréal, la campagne pour la béatification de Jeanne Mance prend de la vigueur. Elle sera l’occasion pour deux femmes déjà bien établies dans le champ historique — l’historienne Marie-Claire Daveluy et l’archiviste Sœur Maria Mondoux — de faire avancer les connaissances autour de la fondation de Ville-Marie. À partir de 1945, en vertu d’un décret de Mgr Joseph Charbonneau, les deux érudites deviennent membres de la Commission historique chargée de rechercher les écrits de Jeanne Mance. Leurs efforts communs pour baliser scientifiquement le parcours de vie de celle qu’elles identifient avant la lettre comme la « cofondatrice » de Montréal permettent de confirmer certaines dates, documents et lieux importants de l’histoire de la Nouvelle-France.
De la collaboration de ces deux savantes unies par une double allégeance envers la science et la foi, naît une amitié qui s’exprime dans l’espace délimité par la condition de l’hospitalière cloîtrée. On en perçoit les traces dans les éloges que l’une et l’autre formulent dans leurs travaux scientifiques respectifs ainsi que dans la correspondance pudique mais sentie qu’elles échangent. Chemin faisant, ce travail en commun les amène en Europe pour un « voyage de recherche » de huit mois, financé par les Filles de Saint-Joseph en 1949. Cette épopée sur des lieux hautement symboliques de l’histoire coloniale — Nantes, Langres, La Flèche et Paris — se révèle comme un moment fort de leur relation ; elles en évoqueront longtemps le souvenir dans leurs lettres.
En levant le voile sur cette collaboration scientifique qui s’accompagne d’une amitié intense, je voudrais mieux faire connaître ces deux ouvrières un peu oubliées d’un champ historique alors en voie de professionnalisation, tout en réfléchissant aux rapports entre foi et religion au mitan du XXe siècle au Québec. Cette communication se voudra, aussi, de manière oblique, un apport à l’historiographie de la fondation de Montréal.