
François-Olivier Dorais
François-Olivier Dorais est professeur adjoint à l’Université du Québec à Chicoutimi où il enseigne l’histoire du Québec et du Canada aux XIXe et XXe siècles, l’histoire régionale et l’épistémologie historienne. Ses recherches se partagent entre l’histoire culturelle et intellectuelle au Québec, l’historiographie et l’histoire des francophonies minoritaires au Canada. Il a récemment fait paraître L’autre moitié de la modernité. Conversations avec Joseph Yvon Thériault (avec Jean-François Laniel, Presses de l’Université Laval, 2020) puis codirigé le dernier numéro spécial de la revue Mens ayant pour titre : « Le « moment américain » des universitaires québécois : appropriations, transferts et réseaux (1930-1960) ». En 2022, il fera paraître chez Boréal une histoire intellectuelle de l’«école » historique de Québec.
Communication : « « J’avais conscience de collaborer à une noble cause : celle de l’Histoire, à l’accomplissement d’un idéal de vie, le sien ». Les « petites mains » de Juliette Lalonde-Rémillard ». Voir la pragrammation
Résumé : Cette communication portera sur la vie et la carrière de Juliette Lalonde-Rémillard (1916-2014), qui fut la principale collaboratrice de Lionel Groulx, sur lequel elle a veillé durant les années phares de sa carrière (de 1937 à 1967) mais aussi, longtemps après sa mort, pour voir à la postérité et à la mémoire de son œuvre. Demeurée en marge des instances de consécration professionnelle de la science historique et au service de l’un des plus importants historiens québécois du XXe siècle – comme intendante, secrétaire, relectrice, correctrice, dactylographe, archiviste, interlocutrice et confidente – Juliette Lalonde-Rémillard a apporté une contribution certes, souterraine, mais non moins significative au processus de disciplinarisation de la science historique au Québec. Elle fut tour à tour secrétaire de l’Institut d’histoire de l’Amérique française et de sa revue, secrétaire administrative de la Fondation Lionel-Groulx et directrice du Centre de recherche Lionel-Groulx. Elle fut aussi vice-présidente de la Société d’Étude et de Conférences de Montréal (1955-1959), puis nommée, en 1963, secrétaire du comité féminin de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Ainsi, est-ce d’abord comme une actrice des milieux scientifique et intellectuel que nous nous proposons d’aborder l’itinéraire de Juliette Lalonde-Rémillard, en demeurant attentif autant aux barrages discursifs et pratiques qui ont pu freiner sa reconnaissance dans le monde savant qu’aux choix et aux stratégies qui lui auront permis d’entériner une présence et une influence dans la fabrique du champ historiographique. À ce compte, l’esprit d’abnégation et de sacrifice qu’elle aura consenti tout au long de sa vie dans l’intérêt supérieur de l’œuvre de Groulx sera, ici, analysé comme une modalité particulière de l’investissement féminin des sciences humaines et sociales avant la démocratisation du milieu universitaire. Notre propos s’appuiera, entre autres, sur une analyse des archives privées de Juliette Lalonde-Rémillard et de son autobiographie, publiée en plusieurs articles dans les Cahiers d’histoire du Québec au XXe siècle.