
Chantal Savoie
Chantal Savoie est professeure au Département d’études littéraires de l’UQAM et chercheure au CRILCQ. Spécialiste de l’histoire littéraire et culturelle des femmes, des pratiques culturelles de grande consommation et de la chanson à succès, elle fait partie depuis vingt ans du collectif La vie littéraire au Québec, en plus de codiriger le Laboratoire de recherche sur la culture de grande consommation et la culture médiatique au Québec (FCI LaboPop, UQAM). Elle est l’auteure de la monographie Les femmes de lettres canadiennes françaises au tournant du XXe siècle (Nota bene, 2014) et cosignataire de plusieurs tomes de la série La vie littéraire au Québec (PUL).
Crédit photo : Bonnalie et Brodeur
Communication : « Fadette et les leçons de l’histoire dans le journal Le Devoir ». Voir la pragrammation
Résumé : Les femmes de lettres qui œuvrent dans les pages féminines des grands quotidiens montréalais au tournant du XXe siècle convoquent à maintes reprises des exemples et des discours historiques. Elles mobilisent ces incursions sur le terrain de l’histoire en les insérant au sein d’une mosaïque de sujets et de rubriques qui animent cet espace du journal, dont l’essentiel reste par ailleurs tourné vers le présent et l’actualité. Ces références et emprunts à l’histoire recèlent un matériau riche dont l’analyse contribue à éclairer les modalités de participation des femmes à la diffusion du savoir historique. Toutefois, l’analyse préliminaire d’un échantillon d’exemples nous a permis de constater qu’il y a bien davantage à tirer de ce corpus qu’une liste de sujets ou d’ouvrages dont les femmes de lettres feraient la promotion. Lus au prisme de l’écosystème culturel qui prévaut au tournant du XXe siècle, ces recours à l’histoire, leurs mises en discours et leurs cadrages, nous offrent également une occasion d’observer la mise en place d’un rapport à la lecture. Comment suggère-t-on de lire, les textes savants en général et les textes historiques en particulier? Et pourquoi? À partir des d’exemples tirés des principaux quotidiens montréalais (Le Devoir, La Presse et La Patrie) entre 1895 et 1918, nous explorerons plus particulièrement deux angles dont la prise en compte pourrait enrichir les échanges anticipés lors du colloque. D’une part, nous accorderons une importance particulière aux personnages ou aux groupes de personnages féminins à travers l’histoire auxquels ont s’intéresse dans les pages féminines (femmes du Moyen Âge, précurseures des suffragettes, reines et autres femmes nobles, artistes, saintes, etc.). D’autre part, nous nous attarderons aux traces d’un savoir lire qui encadrent les ouvrages historiques qui font l’objet d’articles. Au final, notre contribution entend éclairer la participation des femmes à la circulation de connaissances à propos de l’histoire et des femmes dans l’histoire. Mais ce faisant, nous traquerons également les différentes modalités par lesquelles les pages féminines instrumentalisent l’histoire à d’autres fins, depuis la défense des intérêts féminins dans la société jusqu’à la promotion du plaisir de lire des intrigues palpitantes