
Aline Charles
Aline Charles est professeure titulaire au Département des sciences historiques à l’Université Laval. Membre de plusieurs infrastructures de recherche, dont le Réseau québécois en études féministes et le Centre interuniversitaire d’études québécoises, elle s’intéresse à l’histoire des femmes et du genre pour le Québec du XX<sup>e</sup> siècle. Parmi ses thèmes privilégiés, figurent notamment : les âges de vie, le travail féminin, l’histoire transnationale, l’évolution des hôpitaux et des hospices.
Communication : « Nadia Fahmy-Eid : entre féminisation de la profession historienne et féminisation de l’histoire québécoise ». Voir la pragrammation
Résumé : Née à Port-Saïd, en Égypte, Nadia-Fahmy-Eid arrive au Québec 1959. Elle enseigne au Collège Sainte-Marie de Montréal lorsqu’elle obtient au début des années 1970 un poste de professeure d’histoire à l’UQAM, qui vient tout juste d’ouvrir ses portes. Elle compte alors parmi les premières Québécoises qui accèdent à la profession d’historienne, dans sa version universitaire. Elle fera également partie, quelques années plus tard, des pionnières de l’histoire des femmes au Québec. Universitaire parfaitement intégrée aux milieux historiens québécois et canadiens jusqu’à sa retraite en 1997, intellectuelle dont les travaux ont reçu (presque) toute l’attention qu’ils méritaient, les paramètres de sa trajectoire n’en demeure pas moins étonnamment méconnus.
Son parcours incite à réfléchir aux liens entre deux processus de féminisation, incontestables mais partiels, distincts mais interreliés, qui s’entremêlent à partir des années 1970 dans les universités québécoises : la féminisation de la profession historienne et la féminisation du propos historien. Pour le Canada anglais, D. Wright a montré comment professionnalisation, académisation et masculinisation de l’histoire vont de pair durant la période 1880-1960, reléguant les femmes parmi les amateur.e.s [1]. Analyser la trajectoire de N. Fahmy-Eid permet alors d’éclairer une évolution subséquente durant laquelle – au Québec – des femmes s’imposent comme historiennes universitaires et comme féministes. Pareille évolution se poursuit néanmoins toujours, au Québec comme ailleurs. En témoignent le cri du cœur d’étudiantes québécoises devant une réflexion menée « au masculin » en 2017 sur l’histoire dans l’espace public, la dénonciation en 2018 par 440 historiennes françaises de la « domination masculine » en vigueur dans leur milieu ou le mot-clic #womenalsoknowhistory lancé la même année par des Américaines [2].
[1] Donald A. Wright, The Professionalization of History in English Canada, Toronto, University of Toronto Press, 2005
[2] Adèle Clapperton-Richard et Camille Robert, « Chercher l’absence des femmes », HistoireEngagée, 27 octobre 2017 http://histoireengagee.ca/chercher-labsence-des-femmes/; « L’appel des historiennes françaises : ‘Mettons fin à la domination masculine en histoire », Le Monde, 3 octobre 2018 ; https://womenalsoknowhistory.com/