
Alexandre Klein
Philosophe et historien des sciences, Alexandre Klein est spécialisé dans l’histoire contemporaine des questions de santé en France et au Québec. Actuellement chercheur à la Faculté des sciences de la santé de l’Université d’Ottawa, il travaille à la réalisation d’un webdocumentaire sur l’histoire du nursing psychiatrique au Québec et y coordonne l’Unité de recherche sur l’histoire du nursing.
Communication : « Charlotte Tassé (1893-1974), historienne des gardes-malades canadiennes-françaises ». Voir la pragrammation
Résumé : S’il fallait résumer en une phrase la vie et l’œuvre de Charlotte Tassé (1893-1974), cette affirmation qu’elle rédigea en 1962 à l’occasion des 35 ans de sa revue La Garde-malade canadienne-française semblerait adéquate : « Il ne faut pas songer à ne former que de bonnes techniciennes ; il faut, en plus, leur apprendre à aimer leur profession » [1]. En effet, la garde-malade, originaire de Saint-Georges-d’Henryville, consacra son existence à la formation d’infirmières ainsi qu’à la valorisation de leur profession. Fondatrice en 1919 d’une école de gardes-malades au sein du sanatorium Prévost, Charlotte Tassé fut également directrice à partir de 1928 de la principale revue professionnelle de langue française au Canada, puis la créatrice en 1950 de la profession de garde-malade auxiliaire. Infatigable militante pour la reconnaissance de l’expertise des soignantes canadiennes-françaises, notamment face aux nurses anglophones, elle incarnait le modèle même de cette garde-malade canadienne-française dont elle entendait affirmer l’importance et la singularité. Or, pour mener à bien cette mission, elle s’appuya de manière récurrente sur l’histoire. Au sein de sa revue ou au cours de conférences, elle participa en effet à établir et à diffuser une généalogie de la garde-malade canadienne-française afin d’assoir le modèle professionnel qu’elle entendait promouvoir. En retraçant depuis Jeanne Mance les actions des soignantes canadiennes-françaises, ou en chroniquant l’histoire des écoles de gardes-malades du Québec, elle entendait inscrire sa profession dans le temps long et solide de l’histoire. C’est sur cet intérêt particulier de Charlotte Tassé pour les enjeux historiques, que confirma le dépôt deux ans avant sa mort de ses propres archives à la Bibliothèque Nationale du Québec (aujourd’hui le fonds Charlotte Tassé conservé à BAnQ Vieux-Montréal), que je souhaite revenir au cours de cette communication.
[1] Charlotte Tassé, 1962, « 35 ans au service du nursing! », Les Cahiers du nursing canadien, Novembre-Décembre 1962, p. 7-8, ici, p. 8.